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vendredi 29 janvier 2016

À propos des cas de mépris de la démocratie et de la loi - Jean Pelletier

Par ailleurs, dans le dernier entretien accordé par monsieur Pelletier au
chroniqueur de Soleil monsieur Gilbert Lavoie, rapporté dans le numéro du
14 janvier 2009, monsieur Pelletier fait des déclarations qui confirment
son rôle important et peu glorieux dans l’avant et l’après référendum de
1995.
Love-In de Montréal
Pour le financement du Love-In à Montréal dans les jours précédant le
référendum, il déclare que « Dans la guerre, on ne se demande pas si les
munitions sont payées, on les tire. » (Sic).
Loi référendaire du Québec
Quant au respect (mépris) de la Loi référendaire du Québec, monsieur
Pelletier ne s’est pas posé de questions. Il dit « Des ordres de marche,
puis salut ! Quand on est en guerre, on va-tu perdre le pays à cause d’une
virgule dans la loi ? » (Resic). Comme exemple de cynisme, on peut
difficilement trouver mieux.
Loi sur la clarté référendaire
Au sujet de la supposée Loi sur la clarté référendaire, monsieur Pelletier
déclare « L’idée de cette loi, c’est Jean Chrétien. Au cabinet peu de
personnes étaient enthousiastes, moi je l’ai toujours été. Par la suite,
monsieur Dion, qui avait des réserves sur l’idée de cette loi, 
est embarqué dans le dossier et, comme ministre des Affaires
gouvernementales, il est devenu le parrain du projet de loi après avoir
participé à sa rédaction. » (Re. Resic.)
Concernant Via Rail Canada, monsieur Pelletier y a été nommé président par
monsieur Chrétien et remercié par monsieur Paul Martin, autre ancien
premier ministre libéral du Canada, qu’il considère comme un salaud. Il
déclare à ce sujet « Je n’ai pour lui que du mépris. Pour moi, Paul Martin,
ça reste un salaud ». Son congédiement fit suite à des mots méchants à
l’égard d’une victime facile, madame Myriam Bédard, qui avait dénoncé des
irrégularités au sein de l’entreprise. Cette affaire n’a jamais été
élucidée sur le fond. Espérons que le gouvernement Harper poursuivra le
processus judiciaire pour pouvoir connaitre enfin la vérité si cela est
encore possible.
Conclusion
En conclusion, dans les magouilles politiques de l’avant et de l’après
référendum québécois de 1995, de même que dans le scandale des
commandites, les principales infractions sont de nature non pas économique
mais plutôt politique et les principaux coupables et à ce titre
responsables sont messieurs Jean Chrétien ex-premier ministre du Canada et
Jean Pelletier son ex-chef de cabinet. Le décès récent de ce dernier ne
change rien à l’affaire.
Marc-André Labrecque
L’Ancienne-Lorette

À propos du concept de la bienveillance du vainqueur

La bienveillance du vainqueur est peut-être un acquis de la civilisation. Il est peut-être aussi en voie de reculer avec la guerre sans limite que devient la guerre de 4è génération. 

http://www.huyghe.fr/dyndoc_actu/44e16dd83e0c2.pdf

Dans les deux exemples ci-dessous, on pourrait croire que ce sont les principes bien compris de la chrétienté qui président à cette attitude empreinte de fraternité humaine. En tout cas, il s'agit de deux exemples tirés du monde chrétien d'avant la Réforme. 

La Réforme peut se décrire si on veut faire vite comme une adaptation de la chrétienté au libéralisme capitaliste. Chez les protestants anglo-saxons, l'individualité valorisée nourrit le suprémacisme anglo-saxon qui s'exprime ouvertement en se revendiquant par exemple de l'exceptionnalisme américain, une expression reprise notamment dans certains discours de Barak Obama. On retrouve aussi cet exceptionnalisme dans l'expression religieuse protestante dite de la «Manifest destiny». 

Dans un cas tout hypothétique, la bienveillance du vainqueur pourrait se manifester par le fait que le Canada rende au Québec sa liberté ou qu'il s'abstienne d'empêcher qu'elle s'épanouisse, qu'il mette fin à 250 ans de harcèlement du vainqueur contre les peuples néo-français et autochtones. 

L'exceptionalisme anglo-saxon, qui est un sentiment de supériorité sans complexe, lui permet de définir lui-même les règles du bien et du mal, naturellement de définir ce qui est démocratique et ce qui ne l'est pas. La supériorité, quand elle atteint son pic pathologique, permet de définir l'humanité avec les intérêts de ceux qui la définissent. 

* * *

La reddition de Breda ou Les lances

Les chroniques de l'époque racontent que la défense de Breda a été héroïque, mais la garnison dut se rendre et hisser le drapeau blanc. Justin de Nassau a capitulé le . La capitulation a été honorable ; l'armée espagnole a admiré le courage de ses ennemis. Pour ces raisons, elle a permis que la garnison sorte en ordre militaire, avec ses drapeaux en tête. Les généraux espagnols ont donné l'ordre que les vaincus soient rigoureusement respectés et traités avec dignité. Les chroniques décrivent également le moment où le général espagnol Spinola attendait hors des fortifications le général hollandais Nassau. L'entrevue a été un moment de courtoisie ; l'ennemi a été traité de manière chevaleresque, sans humiliation. C'est ce moment historique qu'a choisi Vélasquez comme sujet de son tableau.
(...)

Vélasquez déroule la scène sans vaine gloire ni effusion de sang. Les deux protagonistes sont au centre de la scène et semblent dialoguer comme des amis plus que comme des ennemis. Justin de Nassau apparaît avec les clés de Breda à la main et fait le geste de s'agenouiller, geste qui est interrompu par son rival qui pose une main sur son épaule et l'empêche de s'humilier. Sur ce point, c'est une rupture avec la traditionnelle représentation du héros militaire, qui traditionnellement est représenté dominant le vaincu et l'humiliant.



Huile sur toile, peinte entre 1634 et 1635 par Diego Vélasquez et exposée au musée du Prado de  Madrid depuis 18191.

Réf : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Reddition_de_Breda


Champlain se lie d'amitié avec toutes les peuplades qu'il rencontre







À l'occasion de ses voyages, Champlain se lie d'amitié avec toutes les peuplades qu'il rencontre dans ses explorations. C'est avec ces peuplades qu'il fonde le Canada européen, fruit de leur alliance. D'où la vérité des deux peuples fondateurs, tant qu'on la comprend de cette façon, avant le révisionnisme historique anglo-saxon.  Ces relations cordiales culmineront à Montréal avec la grande paix de 1701 et continueront par la suite, ralenties avec la Conquête de 1760, mais toujours vivantes dans une grande partie du continent américain des dizaines d'années plus tard, avant de s'écraser contre  la brutalité anglo-saxonne dans les plaines de l'Ouest. Un épisode qui réprima autochtones, métis et les survivances de l'alliance néo-française qui culminèrent au Canada par la pendaison de Louis Riel en 1885 et aux États-Unies par les Guerres indiennes. Le tout se conclut des deux cotés de la frontière par la mise en réserve des autochtones qui avaient survécu à leur extermination parfois programmée.

* * *

Pour explorer davantage le sujet :

MACDONALD A DÉLIBÉRÉMENT CONTRAINT LES AUTOCHTONES À LA FAMINE, LES MENANT À LA MORT PAR MILLIERS
Dès l’élection des Conservateurs en 1878, l’orangiste John A. Macdonald est devenu à la fois premier ministre et l’équivalent de ministre des Affaires indiennes. Il avait donc la responsabilité de subvenir aux besoins alimentaires des Autochtones des Plaines pendant cette transition. Il utilisa plutôt cette famine comme une arme. Faisant acheminer les rations au compte-gouttes, Macdonald força les Autochtones affamés et malades à s’entasser dans des réserves pour recevoir leur pitance. Il entendait ainsi ouvrir la voie au passage du chemin de fer et à l’occupation des Prairies par des colons anglo-saxons, de race blanche et de foi protestante. En 1883, il ne restait plus que quelques centaines d’Autochtones dans les Plaines alors qu’entre 15 000 et 20 000 autres étaient dans les réserves, sous le contrôle et la dépendance du Département des Affaires indiennes. 
Lire la suite :

http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/decryptages/item/5275-macdonald-a-délibérément-contraint-les-autochtones-à-la-famine-les-menant-à-la-mort-par-milliers




mardi 26 janvier 2016

Sauver le Canada - Option Canada - Vol référendaire

(Le présent document est repris des archives de Vigile)


SAUVER LE CANADA

Josée Legault 
MIR jeudi 12 janvier 2006 

En 1995, il fallait sauver le Canada. Et le Canada fut sauvé. Beaucoup, beaucoup de fonds publics et privés y ont passé. Depuis le référendum, Ottawa a dépensé encore plus d’argent public pour continuer à « sauver » le Canada.

La Commission Gomery a révélé que des centaines de millions de dollars des impôts des travailleurs canadiens ont servi à trois fins :

1. augmenter la visibilité du Canada au Québec ;
2. remplir les coffrets dégarnis du Parti libéral du Canada en détournant une partie de ces argents ;
3. enrichir personnellement des amis du régime.

Le premier objectif, politique, était de bonne guerre. Les deux autres tiennent du vol et de la corruption partisane et parfois, personnelle. D’où le mot « scandale », qui reste collé au programme des commandites. Le tout récent livre du journaliste Gilles Toupin, Le déshonneur des libéraux, en fait une excellente radiographie.

Cette semaine, on a aussi assisté à l’autopsie de l’« ancêtre » du scandale des commandites : Option Canada. Le livre de Robin Philpot et Normand Lester – Les secrets d’Option Canada – braque les projecteurs sur cet organisme bidon, créé en 1995 pour une seule chose : promouvoir le fédéralisme à même des fonds publics, dont la majeure partie ne serait pas comptabilisée dans les dépenses officielles du camp du NON. 

Depuis que le monde est monde, l’argent et le pouvoir sont inséparables. Ici, ils se sont fondus l’un dans l’autre.
***
UNE CAISSE OCCULTE

Option Canada était une caisse occulte de 5 M $ de fonds publics, créée pour contourner les règles québécoises de financement politique voulant que les deux options s’affrontant dans une campagne référendaire jouissent des mêmes moyens financiers.

En 1995, les comités du OUI et du NON ont chacun eu droit à un maximum de 5 086 979 $ entre l’émission des brefs, le 1er octobre, et le jour du vote, le 30 octobre.

À elle seule, la caisse occulte d’Option Canada venait donc doubler, de manière illégale, le budget du NON.

Les gouvernements Martin et Charest ont répondu que Jacques Parizeau, lui, avait dépensé 25 M $ en 1995. Mais ces dépenses étaient publiques et ouvertes. Surtout, elles ont été faites AVANT l’émission des brefs, le 1er octobre.

Car il semble bien qu’une partie importante de l’argent caché d’Option Canada ait été dépensée de manière illégale PENDANT la campagne référendaire. À ces cachotteries s’ajoutaient aussi les 8 M $ utilisés par Chuck Guité pour réserver les panneaux-réclame du Québec pendant la campagne, ainsi que les coûts toujours inconnus du love-in du 27 octobre.

Et ça ne s’arrête pas là. En fait, le scandale d’Option Canada en cache un autre. 4,8 M $ sur les 5,2 M $ d’Option Canada sont venus du ministère fédéral de Patrimoine Canada et de son « programme d’appui à la dualité linguistique ».

Ceci est confirmé dans une lettre adressée au président d’Option Canada, Claude Dauphin, par le ministre responsable Michel Dupuy, dans laquelle Dupuy remercie aussi Dauphin de sa belle « initiative » d’avoir créé Option Canada. Bravo pour votre beau programme !

L’autre scandale, celui dont personne ne parle, est donc ici : ou Claude Dauphin (président d’Option Canada) et Jocelyn Beaudoin (patron du Conseil pour l’unité canadienne et autre fondateur d’Option Canada), ont trompé Patrimoine Canada en faisant passer leur organe de promotion fédéraliste pour un « programme d’appui à la dualité linguistique ».

Ou Patrimoine Canada était au courant du subterfuge et s’en est fait le complice en accordant une subvention de 5 M $ sous couvert de promouvoir la dualité linguistique.

Et il semble bien qu’on ne pourra jamais compter sur la successeure de Michel Dupuy, Sheila Copps, qui se dit aujourd’hui « chroniqueure politique », pour nous dire ce qui a pu se passer. En fait, personne ne sait. Personne ne parle.

Pourtant, le livre de Lester et Philpot contient des contrats et des chèques faits par Option Canada, avec l’adresse civique du 2055, rue Peel, bureau 475, Montréal. De nombreux libéraux, incluant des très connus, ont signé ces contrats et/ou encaissé ces chèques. 

Même le « Conseil québécois des gens d’affaires pour le NON » – créé en 1995 pour propager les pires peurs économiques dans l’éventualité d’un OUI – avait la même adresse civique qu’Option Canada, au 2055, rue Peel…

Autre perle : une facture du Groupe Everest, une firme nommée dans le scandale des commandites, dont le président Claude Boulay est un proche de Paul Martin et Jean Charest, est adressée au « Conseil pour l’unité canadienne », mais à l’adresse d’Option Canada.

Bref, même si aucune des personnes qui œuvraient dans le camp du NON ne dit se souvenir aujourd’hui d’Option Canada, ils étaient drôlement nombreux à connaître son adresse, à facturer et à encaisser ses chèques.

Option Canada cache donc deux scandales : celui, semble-t-il, d’avoir contourné la Loi sur la consultation populaire et celui d’avoir obtenu des fonds de Patrimoine Canada sous des fausses prétentions.
***
DOMMAGE COLLATÉRAL

D’où le dommage collatéral principal de la magouille référendaire : la démocratie et le droit à l’autodétermination des Québécois en ont pris pour leur rhume.

Sauver le Canada est un objectif légitime. User de la corruption et du détournement de fonds publics pour y parvenir ne l’est pas.

Que l’on pense ou non que le référendum a été « volé », que l’on puisse mesurer ou non l’impact réel des argents fédéraux sur le résultat final, il reste qu’on assiste à une accumulation troublante de preuves d’irrégularités commises par le camp du NON, avant, pendant et après le référendum.

Les preuves s’accumulent sans aucune équivalence, qualitative ou quantitative, du côté du OUI.

Aujourd’hui, une seule question émerge de toute cette boue : comment peut-on être un démocrate, souverainiste, fédéraliste ou non aligné, et ne pas vouloir faire TOUTE la lumière sur la période référendaire afin de doter ensuite ce processus démocratique de mécanismes de protection beaucoup plus solides ?

La démocratie québécoise et ses institutions ne sont certes pas les « plus meilleures du monde », mais elles sont parmi les plus anciennes et les plus respectées des Amériques. Si nous ne faisons pas la lumière sur cette période, nous leur montreront un plus grand irrespect encore que l’ont fait les bonzes d’Option Canada.

Quant aux individus, le patriotisme canadien ne doit plus être payant. Trop de pattes ont été graissées et trop de poches se sont remplies sous le prétexte de défendre le pays.

Si les « patriotes » canadiens du Québec, incluant des firmes riches et puissantes, veulent « sauver » le pays – ce qui est leur droit –, qu’ils aient suffisamment d’intégrité et de sens du sacrifice pour le faire sans chercher à en profiter ou sans contourner les lois.

Que la cause du Canada soit défendue avec transparence et honnêteté. Elle y gagnerait sûrement de nouveaux adeptes.

Mais l’élection fédérale qui pointe vers une défaite de plus en plus probable des libéraux risque de faire oublier tout cela. Les libéraux seront « punis » et les Canadiens passeront à autre chose. Erreur.

Il en restera l’enclenchement de trois enquêtes : celles de la GRC, de la vérificatrice générale du Canada et du directeur général des élections du Québec. Mais elles ne seront pas publiques. Parce qu’elles n’examineront, chacune de leur côté, qu’Option Canada, et parce que les irrégularités débordent cette stricte histoire, cela risque d’être insuffisant.

Mais surtout, l’intérêt porté aux magouilles référendaires ne doit surtout pas être l’affaire exclusive des souverainistes. Les accrocs à la démocratie ont été tels, les ramifications si larges et les acteurs si nombreux, que tous les démocrates québécois doivent s’y intéresser.

Le DGÉ, ou mieux encore, une commission d’enquête non partisane, doit enquêter sur toute cette période. Dès que l’Assemblée nationale aurait l’analyse complète de la mécanique derrière les magouilles, elle pourrait préparer et faire adopter un renforcement de la loi et y adjoindre des mesures aptes à limiter le plus possible les détournements de fonds, quel que soit le camp.

Notons que la Commission Gomery a fonctionné de cette manière, soit en deux étapes : l’analyse du scandale des commandites, suivie du rapport à venir contenant les recommandations pour éviter que cela ne se reproduise. Comme pour un malade, le diagnostic doit nécessairement précéder le choix du traitement.

ET MONSIEUR CHAREST?

Et monsieur Charest dans tout cela ? En 1995, il a défendu ses convictions. Il fut un acteur important au Québec, mais dans la grande machine stratégique fédérale, il a sûrement raison de préciser qu’il n’était que le « chef d’un parti fédéral de deux députés » qui ne « décidait pas de la marche des événements ». 

Ce qui soulève LA grande question : qui décidait de la « marche des événements » dans son camp? Qui décidait de créer des organismes bidons? Qui décidait, PENDANT la campagne, qu’une dépense serait comptabilisée ou cachée ? Une commission d’enquête pourrait nous le dire.

Jean Charest est un fédéraliste passionné. Soit. Mais depuis qu’il est devenu premier ministre, il s’est aussi entouré, ou a nommé à des postes-clés, un certain nombre de personnes qui ont reçu à l’époque de l’argent d’Option Canada ou des commandites.

Chacun a droit à ses amitiés et ses réseaux. Monsieur Charest peut même dire qu’il ne le savait pas lorsqu’il les a embauchées ou nommées. Mais maintenant, il le sait. On verra donc ce qu’il en fera.

Mais en tant que premier ministre, il est avant tout le gardien des institutions et des lois du Québec.

Il doit donc s’élever au-dessus d’une mêlée de plus en plus nauséabonde ou chacun joue sa petite game politique.

Cela veut dire donner au directeur général des élections toutes les ressources dont il aura besoin pour faire la lumière sur toute la période référendaire, et non seulement sur Option Canada. Et si cela est impossible ou insuffisant, instituer une commission d’enquête non partisane.

C’est la seule manière de permettre ensuite à l’Assemblée nationale de blinder le processus référendaire et de protéger une démocratie que plusieurs ont déshonorée.

UN RÉSEAU LIBÉRAL?

Dans The Gazette du 11 janvier, Peter White, ancien proche de Brian Mulroney et éminence grise du Parti conservateur, avance qu’Option Canada aurait été créé « dans la plus grande précipitation pour injecter de l’argent dans la campagne référendaire ».

Selon lui, c’est le gouvernement fédéral qui aurait mis sur pied Option Canada, par « panique ». « Je crois », dit-il, « qu’ils étaient prêts à faire n’importe quoi ».

Peter White en sait quelque chose. Il y était. Il dit aussi avoir été éjecté d’Option Canada dès ses débuts parce qu’il n’était pas un libéral. En d’autres mots, White semble parler ici d’un réseau essentiellement libéral.

Mais White est un acteur parmi beaucoup d’autres, qui en auraient sûrement long à apprendre aux Québécois sur ce qu’on a fait au processus démocratique en 1995.

Seule une véritable commission d’enquête non partisane pourrait faire toute la lumière et mieux équiper la démocratie pour l’avenir.
***

lundi 18 janvier 2016

Sur l'indépendantisme endogène que suscita la Révolution tranquille

La Révolution tranquille aura réussi cet inattendu séparatisme. La rupture du fil de « la nation de l’âme » qu’était notre patrie néo française d’Amérique, la patrie des Canadiens. 

Il a semblé que pour que naisse la volonté d’un pays territorial inclusif, les ambitions de la post-survivance devaient prendre les formes d’une brutale « indépendance » vis-à-vis des nôtres pour mieux s'attacher aux Autres. Il le fallait, si on se reporte au contexte, pour mieux se vouer à l’exclusif et séduisant calcul du décompte démocratique. S’il fallait, hélas, à l’aube des années 1960, comme plusieurs le plaidèrent, délaisser la patrie du cœur, la patrie mystique aux dimensions d’un continent, peuplée de « dead ducks » (René Lévesque) et de « cadavres encore chauds » (Yves Beauchemin), c'était pour que l’adhésion envers le pays moderne se solidifie. 
Les dommages sont considérables. Le fédéralisme canadien a continué de segmenter les survivances de la Nouvelle-France. La Nouvelle-France et ses Canadiens, seule façon de nous nommer qui plonge dans nos racines. Seule façon de rester fidèles à ce que nous sommes au-delà de nos différences. Seule façon de se nommer avec assez de transcendance pour refaire un tant soit peu l'unité qui n’aurait jamais dû se briser.
La segmentation de la patrie historique, celle de nos origines et des pères prend aujourd’hui des formes grotesques : fransaskois, franco-manitobains ou franco-ontariens. Comme si le fait francophone primitif en Ontario, au Manitoba ou en Saskatchewan était postérieur à la création de ces provinces. Comme s’il était postérieur à ces créatures tardives (les provinces de l’Ouest) du régime colonial britannique et de ses prolongements. Non, le fait néo-français et franco métis, violemment réprimés, comme le fut le fait acadien, ces faits de civilisation américaine avant l’Anglais, ces faits de civilisation honorables qui précèdent l’Anglais ne doivent jamais être oubliés ou faire l’objet de révisionnisme historique. Même si l’histoire officielle du Canada s’efforce à tout prix de le faire.
Le séparatisme indépendantiste dirigé contre nous-mêmes, notre funeste séparatisme endogène, qui a pour objet d’exclure notre minorité (au singulier) hors Québec. Qui n’est pas vraiment « hors Québec » puisqu'elle fait partie du même destin néo-français canadien – c'est la diaspora d'une même chaire. Le Canada nous a segmenté dans des entités provinciales grâce à sa puissance militaire contre Louis Riel, et grâce à un système de subventions basé sur une utilisation perverse, anglo tropique, des concepts du fédéralisme. La puissance du fait français, dans sa dimension catholique, francophone, et fidèle à elle-même – une épopée à nulle autre pareille dans l’histoire des colonisations - menaçait bien davantage le Canada multiculturel en revendiquant son statut de fondateur primitif qu’en se redéfinissant sur les contours de la cartographie politique du deuxième Canada, le Canada anglais.
Se soumettant au récit du vainqueur, nous voyant dans son œil, nous avons renoncé à beaucoup. C’est ce qu’avait pourtant voulu prévenir Lionel Groulx. Il voulait la modernité sans détruire le passé. Il est de ceux qui rappelaient la continentalité américaine de notre épopée sans l’opposer à tous les possibles pour le Québec. Pour la suite de notre rapetissement, la québécitude a éliminé des pages entières de notre mémoire. Avec pour résultat que nous ne savons plus nous nommer, comme les Fransaskois et le Ontarois.  

vendredi 15 janvier 2016

Marxisme culturel - Une page de Wikipédia susceptible d'être supprimée

Cette page Wikipedia, reproduite plus bas, fait l'objet de contestation et est susceptible d'être supprimée. Comme elle contient beaucoup de références et semble présenter un portrait clair du marxisme culturel. Je la mets ici dans son intégralité pour références et discussions éventuelles.

vendredi 8 janvier 2016

Et si Poutine réhabilitait Lionel Groulx pour de bon ?

Une révolution tranquille « à l'envers » 
en Russie


Une volonté marquée d'ancrer la société dans le meilleur de son passé, que j'appelle la révolution tranquille à l'envers, s'opère en Russie depuis 2010. Cette révolution du bon sens  suscite un intérêt inquiet de la part des pays occidentaux en perte de repères. Pour ces derniers, le nationalisme est mort, sinon il doit mourir. 

Joueur qu'on attendait pas dans le grand échiquier, la Russie a mis à mal l'idée d'une nation sans histoire et sans transcendance. Une nation ¨défuntisée¨ devenue la nôtre et dont la majorité des souverainistes ne cessent de se réclamer. En revanche, en Russie, une nation qui plonge ses racines dans l'histoire, qui ne tourne pas le dos à son identité, qui porte une vision qui valorise la tradition sans refuser la modernité, cette nation ne serait pas une utopie du XXè siècle. Et ce serait cette vision qui a cours en Russie. Une ¨russitude¨ qui reconnaît des nations avant de reconnaître des territoires. Mais ce n'est pas ce dont nos médias nous abreuvent. Mises à part les oppositions légitimes, sur lesquelles nos médias restent discrets, nous n'avons pour nous forger une opinion déformée que les affres des minorités «sororisées» dont nos médias font grand cas.

Le lecteur qui tire sa seule information de Radio-Canada ou d'autres médias standardisés comme Le Monde, Le Devoir, etc. est un handicapé de l'information. L'internet existe, mais il n'exploite pas ses possibilités. Il sera surpris d'avoir été tenu à l'écart de bien des développements s'il lui advient un jour de percer l'encerclement médiatique. Présumant de sa bonne foi.

Inversement, en gros, la moitié de l'humanité a déjà pris l'habitude de s'alimenter à des sources d'information diversifiées, moins uniformément orientées que celles de la grande presse des pays de l'OTAN, lire Canada. Ils seront déjà mieux outillés. Ils auront déjà une opinion formée au contact d'arguments venus de tous bords, inclusivement sur Vladimir Poutine et la Russie.

*   *   *

Selon l'ifrii, le tournant conservateur russe plairait aux pays d'Asie. Ces pays seraient pour la Fédération de Russie (FR) les partenaires de l'avenir parmi lesquels elle se sent respectée dans ses différences et surtout traitée en égal. Elle est en bonne compagnie avec ces pays qui s'efforcent de conjuguer la modernité avec leur attachement aux traditionsii

Elle-même pays d'Europe, la Russie ne délaisse pas pour autant ses partenaires européens, même quand ceux-ci boudent le dialogue avec elle pour recourir à des sanctions. Piètre diplomatie, les désaccords, aussi nombreux soient-ils, devraient être résolus par voie de négociation, je pense au contentieux ukrainien, etc. La Russie, déjà au centre de bien des enjeux mondiaux, plonge dans la défense du national avec une approche particulière qu'elle assume pleinement. Elle ne se départit jamais d'une défense bien sentie de son indépendance, ce qui fait se tourner vers elle les regards sourcilleux de ceux pour qui la disparition des nations n'est qu'une affaire de temps. Le Québec a certes intérêt à ne pas prendre pour argent comptant la campagne de dénigrement permanent dont la Russie est l'objet dans notre coin du monde, Il faut y regarder de plus près.

Cette révolution tranquille à l'envers que rien n'annonçait est d'autant plus inusitée qu'elle survient après 70 ans de socialisme «scientifique», qui s'est traduit par une dénationalisation menée de main de fer par les bolchéviques, dont la composition ethnique était plus juive que russe, selon l'oeuvre jamais démentie d'Alexandre Soljenitsyne. Une idéologie basée sur le matérialisme, la primauté de l'économie, le dirigisme culturel, le remplacement de la religion et de la tradition par l'éducation laïque et la volonté de construire un «homme nouveau» débarrassé des «préjugés». Pas étonnant qu'une source d'inspiration des révolutionnaires russes coulait de la révolution française. 

Le renforcement du national en Fédération de Russie est très intéressant à observer du fait que ce pays possède une diversité ethnique qui n'est dépassée que par celle de l'Inde. La grande diversité ethnique et linguistique de la Russie ne semble pas être un poids pour elle. À preuve, elle n'aurait pas freiné un consensus social conservateur qui ne fait que s'affirmer autour des valeurs patriotiques. Le respect des minorités nationales, une tradition russe qui remonterait à la tradition tsariste, contraste avec la tradition anglo-saxonne subie par les Canadiens-Français. Deux mondes. La popularité de Vladimir Poutine, jamais démentie, incarne le phénomène de relative unité que vit présentement la Fédération de Russie. Le conservatisme social, le conservatisme pragmatique et le pragmatisme conservateur de Poutine, trois appellations couramment utilisées, forment donc un socle politique de rassemblement. Il semble promis à durer. 

Dans sa lettre «La question russe», en janvier 2012, au cours de la campagne électorale, Poutine écrivait : 
« L'auto-identification du peuple russe, c'est une civilisation multiethnique unie par le noyau culturel russe».iii 
Une citation transmise par Léonid Poliakov, qui enchaîne avec ce commentaire à propos de Poutine :
«Au fond, il formule ainsi une ¨troisième voie¨, située entre le projet multiculturel occidental, dont Poutine estime qu'il a échoué, et le défi alternatif d'un ¨État national¨ qui serait fondé ¨exclusivement sur l'identité ethnique¨.»iv 
Pour Pliakov, Vladimir Poutine considère son conservatisme 
«comme une vision politique et morale du monde cohérente et pleine de bon sens. C'est sur cette base qu'il a fondé sa campagne électorale de 2011-2012 et sa stratégie de développement jusqu'en 2025...»
Lors des rencontres annuelles du Club Valdaï, en 2014, Poutine poursuivait de la façon suivante : 
«Pour que la société existe, il convient de soutenir des choses élémentaires que l'humanité a élaborées au cours des siècles : c'est le respect de la maternité et de l'enfance, le respect de notre histoire et de ses accomplissements, le respect de nos traditions et des religions traditionnelles»v
À la lumière de tout ceci, en viendra-t-on à considérer Lionel Groulx comme un visionnaire dont l'heure n'était pas encore venue? 

Il a certes combattu une forme de modernité aguicheuse et illusoire, une menace dont il nous entretenait notamment dans sa lettre à Jean Éthier-Blais «Sur les dangers de l'influence américaine».vi Un filet dans lequel se sont pris plusieurs intellectuels d'avant-garde, vantant comme un progrès indépassable de faire table rase, jugeant à jamais dépassé l'héritage spirituel (spirituel au sens profane comme au sens transcendant) de Lionel Groulx sur le petit peuple francophone d'Amérique.

Dans la présentation du dossier Lionel Groulx, publié par les Cahiers d'histoire du Québec au XXè sièclevii, Benoit Lacroix et Stéphane Stapinsky expliquent :
«Les citélibristes et certains nationalistes (notamment ceux d'extrême gauche) allaient prendre le relais au cours des années 1950 et 1960. Pour plusieurs souverainistes des années 1990, la figure de Groulx fait problème. Il leur semble que, en réponse aux accusations de «racisme» et de «fascisme» qu'on adresse tant de l'intérieur que de l'extérieur à la société québécoise (et en particulier au mouvement nationaliste), il leur faille prouver à tout prix à la face du monde qu'ils ne sont pas coupables, eux «modernes», de ce qui leur est reproché; pour ce faire, ils insisteront donc sur une rupture radicale entre la société d'autrefois et la nôtre et s'en prendront publiquement à ce Québec obscurantiste d'avant 1960 et au symbole du racisme et du fascisme de l'ancien régime que serait à leurs yeux Lionel Groulx. Une manifestation récente de ce nouveau rituel peut être relevée chez Gérard Bouchard.»
Plus loin, les auteurs nuancent en citant quelques noms, parmi eux, à gauche, Pierre Falardeau, Gaston Miron, Andrée Ferrettiviii, qui ont accepté 
«de nouer un dialogue avec Groulx». 
Ils finissent par demander avec raison qu'on tourne la page à cet infantilisme 
«qui fait que, pour certains, il paraît impossible de se reconnaître dans une continuité à moins d'y trouver la trace d'une pureté conforme à nos valeurs actuelles.»ix
On pourrait épiloguer longuement sur l'héritage de Lionel Groulx, mais l'affaire est entendue. On en reviendra donc à ceci. Les arguments de ses pourfendeurs, lorsqu'il s'agissait d'arguments et non de demi-vérités et de falsifications, ont été réfutés avec patience et plus d'explicitations que la plupart des objections n'en méritaientx. Depuis une trentaine d'années, grâce à des intellectuels courageuxxi, tous les arguments pour discréditer Groulx et son oeuvre ont été répudiés d'une façon ou d'une autre; si bien que le dossier Groulx est clair et net. Alors pourquoi parler de réhabilitation de Groulx par Poutine ?

La réhabilitation de Lionel Groulx par Poutine est bien sûr une figure de style. Elle met en évidence le fait que si la joute intellectuelle a été remportée par les nôtres, ils n'ont pas prévalu. La société civile ne l'a pas répercutée par des changements fondamentaux comme en Russie. Le discours politique et le projet d'indépendance, qui restent défensifs, ont continué à freiner des quatre fers pour que survive la mauvaise conscience de notre passé. On refuse de faire à Lionel Groulx une place au panthéon de notre histoire parce que notre élite nationale dite «moderne» a rejeté tout ce qu'il représentait. Il était prêtre catholique et défenseur de la tradition. Et, cocasserie de l'histoire, c'est encore le prêtre catholique qui, depuis la grande noirceur de 1943, leur fera la leçon  : 
«D'où nous vient, qui nous a donné ce goût morbide de nous accuser de tous les péchés, et plus particulièrement de ceux que nous n'avons pas commis.(sic)» xii
Après 60 ans de lutte souverainiste-indépendantiste infructueuse, ne sommes-nous pas rendu au bout du rouleau? Peut-on sérieusement avoir racorni la «civilisation française en Amérique» au point où l'argumentaire des figures montantes ne semble plus considérer que l'enrichissement personnel comme motif central de la cause? Ceci après avoir épuré au fil des ans toute référence à ce que nous sommes et d'où nous venons. Le phénomène de retour aux sources, qui a amené les Russes au succès après 70 ans de dénationalisation violente (clin d'oeil à la dénationalisation tranquille), surtout avant Staline, à recouvrer leur patriotisme, prouve qu'il est possible pour une nation, singulièrement une nation  fondatrice, de recouvrer ses droits fondés sur la continuité historique. 
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i www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/ifri_rnv_90_fr_poliakov_protege.pdf  Le « conservatisme » en Russie : instrument politique
ou choix historique ? , déc. 2015
ii  Japon, Corée du Sud, Taïwan, Singapour, selon ifri
iii  Que penserait-on d'une nation multiethnique unie par le noyau culturel néo-français, canadien français et Québécois?
iv Ifri, p.18
vi  Les Cahiers d'histoire du Québec au XXè siècle, No 8, automne 1997. Sur les dangers de l'influence américaine, 7 décembre 1964, p.175
viii Il faudrait rajouter Michel Chartrand et Simone Monet-Chartrand dont le mariage dut béni par Lionel Groulx
ix Cahiers p.10 ou lien ici
x Pensons ici à la réfutation détaillée par notre sociologue québécois anglo-protestant Garry Caldwell, de la thèse de doctorat d'Esther Delisle http://agora.qc.ca/Documents/Antisemitisme--Le_discours_sur_lantisemitisme_au_Quebec_par_Gary_Caldwell Thèse effectivement couronnée d'un doctorat, à la courte honte de l'Université Laval.
xi Stéphane Stapinsky, Garry Caldwell, Fernand Dumont, Serge Cantin, Nicole Gagnon et bien d'autres
xii «Notre force...» Groulx, Lionel, 1943; cité dans la présentation des Cahiers... No 8