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vendredi 5 février 2016

À propos du «suprémacisme» anglo-saxon dans la problématique néo-française-québécoise

Une révolution tranquille «à l'envers» 
en Russie - les étonnantes proximités de Lionel Groulx et de Vladimir Poutine

vendredi 29 janvier 2016

À propos des cas de mépris de la démocratie et de la loi - Jean Pelletier

Par ailleurs, dans le dernier entretien accordé par monsieur Pelletier au
chroniqueur de Soleil monsieur Gilbert Lavoie, rapporté dans le numéro du
14 janvier 2009, monsieur Pelletier fait des déclarations qui confirment
son rôle important et peu glorieux dans l’avant et l’après référendum de
1995.
Love-In de Montréal
Pour le financement du Love-In à Montréal dans les jours précédant le
référendum, il déclare que « Dans la guerre, on ne se demande pas si les
munitions sont payées, on les tire. » (Sic).
Loi référendaire du Québec
Quant au respect (mépris) de la Loi référendaire du Québec, monsieur
Pelletier ne s’est pas posé de questions. Il dit « Des ordres de marche,
puis salut ! Quand on est en guerre, on va-tu perdre le pays à cause d’une
virgule dans la loi ? » (Resic). Comme exemple de cynisme, on peut
difficilement trouver mieux.
Loi sur la clarté référendaire
Au sujet de la supposée Loi sur la clarté référendaire, monsieur Pelletier
déclare « L’idée de cette loi, c’est Jean Chrétien. Au cabinet peu de
personnes étaient enthousiastes, moi je l’ai toujours été. Par la suite,
monsieur Dion, qui avait des réserves sur l’idée de cette loi, 
est embarqué dans le dossier et, comme ministre des Affaires
gouvernementales, il est devenu le parrain du projet de loi après avoir
participé à sa rédaction. » (Re. Resic.)
Concernant Via Rail Canada, monsieur Pelletier y a été nommé président par
monsieur Chrétien et remercié par monsieur Paul Martin, autre ancien
premier ministre libéral du Canada, qu’il considère comme un salaud. Il
déclare à ce sujet « Je n’ai pour lui que du mépris. Pour moi, Paul Martin,
ça reste un salaud ». Son congédiement fit suite à des mots méchants à
l’égard d’une victime facile, madame Myriam Bédard, qui avait dénoncé des
irrégularités au sein de l’entreprise. Cette affaire n’a jamais été
élucidée sur le fond. Espérons que le gouvernement Harper poursuivra le
processus judiciaire pour pouvoir connaitre enfin la vérité si cela est
encore possible.
Conclusion
En conclusion, dans les magouilles politiques de l’avant et de l’après
référendum québécois de 1995, de même que dans le scandale des
commandites, les principales infractions sont de nature non pas économique
mais plutôt politique et les principaux coupables et à ce titre
responsables sont messieurs Jean Chrétien ex-premier ministre du Canada et
Jean Pelletier son ex-chef de cabinet. Le décès récent de ce dernier ne
change rien à l’affaire.
Marc-André Labrecque
L’Ancienne-Lorette

À propos du concept de la bienveillance du vainqueur

La bienveillance du vainqueur est peut-être un acquis de la civilisation. Il est peut-être aussi en voie de reculer avec la guerre sans limite que devient la guerre de 4è génération. 

http://www.huyghe.fr/dyndoc_actu/44e16dd83e0c2.pdf

Dans les deux exemples ci-dessous, on pourrait croire que ce sont les principes bien compris de la chrétienté qui président à cette attitude empreinte de fraternité humaine. En tout cas, il s'agit de deux exemples tirés du monde chrétien d'avant la Réforme. 

La Réforme peut se décrire si on veut faire vite comme une adaptation de la chrétienté au libéralisme capitaliste. Chez les protestants anglo-saxons, l'individualité valorisée nourrit le suprémacisme anglo-saxon qui s'exprime ouvertement en se revendiquant par exemple de l'exceptionnalisme américain, une expression reprise notamment dans certains discours de Barak Obama. On retrouve aussi cet exceptionnalisme dans l'expression religieuse protestante dite de la «Manifest destiny». 

Dans un cas tout hypothétique, la bienveillance du vainqueur pourrait se manifester par le fait que le Canada rende au Québec sa liberté ou qu'il s'abstienne d'empêcher qu'elle s'épanouisse, qu'il mette fin à 250 ans de harcèlement du vainqueur contre les peuples néo-français et autochtones. 

L'exceptionalisme anglo-saxon, qui est un sentiment de supériorité sans complexe, lui permet de définir lui-même les règles du bien et du mal, naturellement de définir ce qui est démocratique et ce qui ne l'est pas. La supériorité, quand elle atteint son pic pathologique, permet de définir l'humanité avec les intérêts de ceux qui la définissent. 

* * *

La reddition de Breda ou Les lances

Les chroniques de l'époque racontent que la défense de Breda a été héroïque, mais la garnison dut se rendre et hisser le drapeau blanc. Justin de Nassau a capitulé le . La capitulation a été honorable ; l'armée espagnole a admiré le courage de ses ennemis. Pour ces raisons, elle a permis que la garnison sorte en ordre militaire, avec ses drapeaux en tête. Les généraux espagnols ont donné l'ordre que les vaincus soient rigoureusement respectés et traités avec dignité. Les chroniques décrivent également le moment où le général espagnol Spinola attendait hors des fortifications le général hollandais Nassau. L'entrevue a été un moment de courtoisie ; l'ennemi a été traité de manière chevaleresque, sans humiliation. C'est ce moment historique qu'a choisi Vélasquez comme sujet de son tableau.
(...)

Vélasquez déroule la scène sans vaine gloire ni effusion de sang. Les deux protagonistes sont au centre de la scène et semblent dialoguer comme des amis plus que comme des ennemis. Justin de Nassau apparaît avec les clés de Breda à la main et fait le geste de s'agenouiller, geste qui est interrompu par son rival qui pose une main sur son épaule et l'empêche de s'humilier. Sur ce point, c'est une rupture avec la traditionnelle représentation du héros militaire, qui traditionnellement est représenté dominant le vaincu et l'humiliant.



Huile sur toile, peinte entre 1634 et 1635 par Diego Vélasquez et exposée au musée du Prado de  Madrid depuis 18191.

Réf : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Reddition_de_Breda


Champlain se lie d'amitié avec toutes les peuplades qu'il rencontre







À l'occasion de ses voyages, Champlain se lie d'amitié avec toutes les peuplades qu'il rencontre dans ses explorations. C'est avec ces peuplades qu'il fonde le Canada européen, fruit de leur alliance. D'où la vérité des deux peuples fondateurs, tant qu'on la comprend de cette façon, avant le révisionnisme historique anglo-saxon.  Ces relations cordiales culmineront à Montréal avec la grande paix de 1701 et continueront par la suite, ralenties avec la Conquête de 1760, mais toujours vivantes dans une grande partie du continent américain des dizaines d'années plus tard, avant de s'écraser contre  la brutalité anglo-saxonne dans les plaines de l'Ouest. Un épisode qui réprima autochtones, métis et les survivances de l'alliance néo-française qui culminèrent au Canada par la pendaison de Louis Riel en 1885 et aux États-Unies par les Guerres indiennes. Le tout se conclut des deux cotés de la frontière par la mise en réserve des autochtones qui avaient survécu à leur extermination parfois programmée.

* * *

Pour explorer davantage le sujet :

MACDONALD A DÉLIBÉRÉMENT CONTRAINT LES AUTOCHTONES À LA FAMINE, LES MENANT À LA MORT PAR MILLIERS
Dès l’élection des Conservateurs en 1878, l’orangiste John A. Macdonald est devenu à la fois premier ministre et l’équivalent de ministre des Affaires indiennes. Il avait donc la responsabilité de subvenir aux besoins alimentaires des Autochtones des Plaines pendant cette transition. Il utilisa plutôt cette famine comme une arme. Faisant acheminer les rations au compte-gouttes, Macdonald força les Autochtones affamés et malades à s’entasser dans des réserves pour recevoir leur pitance. Il entendait ainsi ouvrir la voie au passage du chemin de fer et à l’occupation des Prairies par des colons anglo-saxons, de race blanche et de foi protestante. En 1883, il ne restait plus que quelques centaines d’Autochtones dans les Plaines alors qu’entre 15 000 et 20 000 autres étaient dans les réserves, sous le contrôle et la dépendance du Département des Affaires indiennes. 
Lire la suite :

http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/decryptages/item/5275-macdonald-a-délibérément-contraint-les-autochtones-à-la-famine-les-menant-à-la-mort-par-milliers




mardi 26 janvier 2016

Sauver le Canada - Option Canada - Vol référendaire

(Le présent document est repris des archives de Vigile)


SAUVER LE CANADA

Josée Legault 
MIR jeudi 12 janvier 2006 

En 1995, il fallait sauver le Canada. Et le Canada fut sauvé. Beaucoup, beaucoup de fonds publics et privés y ont passé. Depuis le référendum, Ottawa a dépensé encore plus d’argent public pour continuer à « sauver » le Canada.

La Commission Gomery a révélé que des centaines de millions de dollars des impôts des travailleurs canadiens ont servi à trois fins :

1. augmenter la visibilité du Canada au Québec ;
2. remplir les coffrets dégarnis du Parti libéral du Canada en détournant une partie de ces argents ;
3. enrichir personnellement des amis du régime.

Le premier objectif, politique, était de bonne guerre. Les deux autres tiennent du vol et de la corruption partisane et parfois, personnelle. D’où le mot « scandale », qui reste collé au programme des commandites. Le tout récent livre du journaliste Gilles Toupin, Le déshonneur des libéraux, en fait une excellente radiographie.

Cette semaine, on a aussi assisté à l’autopsie de l’« ancêtre » du scandale des commandites : Option Canada. Le livre de Robin Philpot et Normand Lester – Les secrets d’Option Canada – braque les projecteurs sur cet organisme bidon, créé en 1995 pour une seule chose : promouvoir le fédéralisme à même des fonds publics, dont la majeure partie ne serait pas comptabilisée dans les dépenses officielles du camp du NON. 

Depuis que le monde est monde, l’argent et le pouvoir sont inséparables. Ici, ils se sont fondus l’un dans l’autre.
***
UNE CAISSE OCCULTE

Option Canada était une caisse occulte de 5 M $ de fonds publics, créée pour contourner les règles québécoises de financement politique voulant que les deux options s’affrontant dans une campagne référendaire jouissent des mêmes moyens financiers.

En 1995, les comités du OUI et du NON ont chacun eu droit à un maximum de 5 086 979 $ entre l’émission des brefs, le 1er octobre, et le jour du vote, le 30 octobre.

À elle seule, la caisse occulte d’Option Canada venait donc doubler, de manière illégale, le budget du NON.

Les gouvernements Martin et Charest ont répondu que Jacques Parizeau, lui, avait dépensé 25 M $ en 1995. Mais ces dépenses étaient publiques et ouvertes. Surtout, elles ont été faites AVANT l’émission des brefs, le 1er octobre.

Car il semble bien qu’une partie importante de l’argent caché d’Option Canada ait été dépensée de manière illégale PENDANT la campagne référendaire. À ces cachotteries s’ajoutaient aussi les 8 M $ utilisés par Chuck Guité pour réserver les panneaux-réclame du Québec pendant la campagne, ainsi que les coûts toujours inconnus du love-in du 27 octobre.

Et ça ne s’arrête pas là. En fait, le scandale d’Option Canada en cache un autre. 4,8 M $ sur les 5,2 M $ d’Option Canada sont venus du ministère fédéral de Patrimoine Canada et de son « programme d’appui à la dualité linguistique ».

Ceci est confirmé dans une lettre adressée au président d’Option Canada, Claude Dauphin, par le ministre responsable Michel Dupuy, dans laquelle Dupuy remercie aussi Dauphin de sa belle « initiative » d’avoir créé Option Canada. Bravo pour votre beau programme !

L’autre scandale, celui dont personne ne parle, est donc ici : ou Claude Dauphin (président d’Option Canada) et Jocelyn Beaudoin (patron du Conseil pour l’unité canadienne et autre fondateur d’Option Canada), ont trompé Patrimoine Canada en faisant passer leur organe de promotion fédéraliste pour un « programme d’appui à la dualité linguistique ».

Ou Patrimoine Canada était au courant du subterfuge et s’en est fait le complice en accordant une subvention de 5 M $ sous couvert de promouvoir la dualité linguistique.

Et il semble bien qu’on ne pourra jamais compter sur la successeure de Michel Dupuy, Sheila Copps, qui se dit aujourd’hui « chroniqueure politique », pour nous dire ce qui a pu se passer. En fait, personne ne sait. Personne ne parle.

Pourtant, le livre de Lester et Philpot contient des contrats et des chèques faits par Option Canada, avec l’adresse civique du 2055, rue Peel, bureau 475, Montréal. De nombreux libéraux, incluant des très connus, ont signé ces contrats et/ou encaissé ces chèques. 

Même le « Conseil québécois des gens d’affaires pour le NON » – créé en 1995 pour propager les pires peurs économiques dans l’éventualité d’un OUI – avait la même adresse civique qu’Option Canada, au 2055, rue Peel…

Autre perle : une facture du Groupe Everest, une firme nommée dans le scandale des commandites, dont le président Claude Boulay est un proche de Paul Martin et Jean Charest, est adressée au « Conseil pour l’unité canadienne », mais à l’adresse d’Option Canada.

Bref, même si aucune des personnes qui œuvraient dans le camp du NON ne dit se souvenir aujourd’hui d’Option Canada, ils étaient drôlement nombreux à connaître son adresse, à facturer et à encaisser ses chèques.

Option Canada cache donc deux scandales : celui, semble-t-il, d’avoir contourné la Loi sur la consultation populaire et celui d’avoir obtenu des fonds de Patrimoine Canada sous des fausses prétentions.
***
DOMMAGE COLLATÉRAL

D’où le dommage collatéral principal de la magouille référendaire : la démocratie et le droit à l’autodétermination des Québécois en ont pris pour leur rhume.

Sauver le Canada est un objectif légitime. User de la corruption et du détournement de fonds publics pour y parvenir ne l’est pas.

Que l’on pense ou non que le référendum a été « volé », que l’on puisse mesurer ou non l’impact réel des argents fédéraux sur le résultat final, il reste qu’on assiste à une accumulation troublante de preuves d’irrégularités commises par le camp du NON, avant, pendant et après le référendum.

Les preuves s’accumulent sans aucune équivalence, qualitative ou quantitative, du côté du OUI.

Aujourd’hui, une seule question émerge de toute cette boue : comment peut-on être un démocrate, souverainiste, fédéraliste ou non aligné, et ne pas vouloir faire TOUTE la lumière sur la période référendaire afin de doter ensuite ce processus démocratique de mécanismes de protection beaucoup plus solides ?

La démocratie québécoise et ses institutions ne sont certes pas les « plus meilleures du monde », mais elles sont parmi les plus anciennes et les plus respectées des Amériques. Si nous ne faisons pas la lumière sur cette période, nous leur montreront un plus grand irrespect encore que l’ont fait les bonzes d’Option Canada.

Quant aux individus, le patriotisme canadien ne doit plus être payant. Trop de pattes ont été graissées et trop de poches se sont remplies sous le prétexte de défendre le pays.

Si les « patriotes » canadiens du Québec, incluant des firmes riches et puissantes, veulent « sauver » le pays – ce qui est leur droit –, qu’ils aient suffisamment d’intégrité et de sens du sacrifice pour le faire sans chercher à en profiter ou sans contourner les lois.

Que la cause du Canada soit défendue avec transparence et honnêteté. Elle y gagnerait sûrement de nouveaux adeptes.

Mais l’élection fédérale qui pointe vers une défaite de plus en plus probable des libéraux risque de faire oublier tout cela. Les libéraux seront « punis » et les Canadiens passeront à autre chose. Erreur.

Il en restera l’enclenchement de trois enquêtes : celles de la GRC, de la vérificatrice générale du Canada et du directeur général des élections du Québec. Mais elles ne seront pas publiques. Parce qu’elles n’examineront, chacune de leur côté, qu’Option Canada, et parce que les irrégularités débordent cette stricte histoire, cela risque d’être insuffisant.

Mais surtout, l’intérêt porté aux magouilles référendaires ne doit surtout pas être l’affaire exclusive des souverainistes. Les accrocs à la démocratie ont été tels, les ramifications si larges et les acteurs si nombreux, que tous les démocrates québécois doivent s’y intéresser.

Le DGÉ, ou mieux encore, une commission d’enquête non partisane, doit enquêter sur toute cette période. Dès que l’Assemblée nationale aurait l’analyse complète de la mécanique derrière les magouilles, elle pourrait préparer et faire adopter un renforcement de la loi et y adjoindre des mesures aptes à limiter le plus possible les détournements de fonds, quel que soit le camp.

Notons que la Commission Gomery a fonctionné de cette manière, soit en deux étapes : l’analyse du scandale des commandites, suivie du rapport à venir contenant les recommandations pour éviter que cela ne se reproduise. Comme pour un malade, le diagnostic doit nécessairement précéder le choix du traitement.

ET MONSIEUR CHAREST?

Et monsieur Charest dans tout cela ? En 1995, il a défendu ses convictions. Il fut un acteur important au Québec, mais dans la grande machine stratégique fédérale, il a sûrement raison de préciser qu’il n’était que le « chef d’un parti fédéral de deux députés » qui ne « décidait pas de la marche des événements ». 

Ce qui soulève LA grande question : qui décidait de la « marche des événements » dans son camp? Qui décidait de créer des organismes bidons? Qui décidait, PENDANT la campagne, qu’une dépense serait comptabilisée ou cachée ? Une commission d’enquête pourrait nous le dire.

Jean Charest est un fédéraliste passionné. Soit. Mais depuis qu’il est devenu premier ministre, il s’est aussi entouré, ou a nommé à des postes-clés, un certain nombre de personnes qui ont reçu à l’époque de l’argent d’Option Canada ou des commandites.

Chacun a droit à ses amitiés et ses réseaux. Monsieur Charest peut même dire qu’il ne le savait pas lorsqu’il les a embauchées ou nommées. Mais maintenant, il le sait. On verra donc ce qu’il en fera.

Mais en tant que premier ministre, il est avant tout le gardien des institutions et des lois du Québec.

Il doit donc s’élever au-dessus d’une mêlée de plus en plus nauséabonde ou chacun joue sa petite game politique.

Cela veut dire donner au directeur général des élections toutes les ressources dont il aura besoin pour faire la lumière sur toute la période référendaire, et non seulement sur Option Canada. Et si cela est impossible ou insuffisant, instituer une commission d’enquête non partisane.

C’est la seule manière de permettre ensuite à l’Assemblée nationale de blinder le processus référendaire et de protéger une démocratie que plusieurs ont déshonorée.

UN RÉSEAU LIBÉRAL?

Dans The Gazette du 11 janvier, Peter White, ancien proche de Brian Mulroney et éminence grise du Parti conservateur, avance qu’Option Canada aurait été créé « dans la plus grande précipitation pour injecter de l’argent dans la campagne référendaire ».

Selon lui, c’est le gouvernement fédéral qui aurait mis sur pied Option Canada, par « panique ». « Je crois », dit-il, « qu’ils étaient prêts à faire n’importe quoi ».

Peter White en sait quelque chose. Il y était. Il dit aussi avoir été éjecté d’Option Canada dès ses débuts parce qu’il n’était pas un libéral. En d’autres mots, White semble parler ici d’un réseau essentiellement libéral.

Mais White est un acteur parmi beaucoup d’autres, qui en auraient sûrement long à apprendre aux Québécois sur ce qu’on a fait au processus démocratique en 1995.

Seule une véritable commission d’enquête non partisane pourrait faire toute la lumière et mieux équiper la démocratie pour l’avenir.
***

lundi 18 janvier 2016

Sur l'indépendantisme endogène que suscita la Révolution tranquille

La Révolution tranquille aura réussi cet inattendu séparatisme. La rupture du fil de « la nation de l’âme » qu’était notre patrie néo française d’Amérique, la patrie des Canadiens. 

Il a semblé que pour que naisse la volonté d’un pays territorial inclusif, les ambitions de la post-survivance devaient prendre les formes d’une brutale « indépendance » vis-à-vis des nôtres pour mieux s'attacher aux Autres. Il le fallait, si on se reporte au contexte, pour mieux se vouer à l’exclusif et séduisant calcul du décompte démocratique. S’il fallait, hélas, à l’aube des années 1960, comme plusieurs le plaidèrent, délaisser la patrie du cœur, la patrie mystique aux dimensions d’un continent, peuplée de « dead ducks » (René Lévesque) et de « cadavres encore chauds » (Yves Beauchemin), c'était pour que l’adhésion envers le pays moderne se solidifie. 
Les dommages sont considérables. Le fédéralisme canadien a continué de segmenter les survivances de la Nouvelle-France. La Nouvelle-France et ses Canadiens, seule façon de nous nommer qui plonge dans nos racines. Seule façon de rester fidèles à ce que nous sommes au-delà de nos différences. Seule façon de se nommer avec assez de transcendance pour refaire un tant soit peu l'unité qui n’aurait jamais dû se briser.
La segmentation de la patrie historique, celle de nos origines et des pères prend aujourd’hui des formes grotesques : fransaskois, franco-manitobains ou franco-ontariens. Comme si le fait francophone primitif en Ontario, au Manitoba ou en Saskatchewan était postérieur à la création de ces provinces. Comme s’il était postérieur à ces créatures tardives (les provinces de l’Ouest) du régime colonial britannique et de ses prolongements. Non, le fait néo-français et franco métis, violemment réprimés, comme le fut le fait acadien, ces faits de civilisation américaine avant l’Anglais, ces faits de civilisation honorables qui précèdent l’Anglais ne doivent jamais être oubliés ou faire l’objet de révisionnisme historique. Même si l’histoire officielle du Canada s’efforce à tout prix de le faire.
Le séparatisme indépendantiste dirigé contre nous-mêmes, notre funeste séparatisme endogène, qui a pour objet d’exclure notre minorité (au singulier) hors Québec. Qui n’est pas vraiment « hors Québec » puisqu'elle fait partie du même destin néo-français canadien – c'est la diaspora d'une même chaire. Le Canada nous a segmenté dans des entités provinciales grâce à sa puissance militaire contre Louis Riel, et grâce à un système de subventions basé sur une utilisation perverse, anglo tropique, des concepts du fédéralisme. La puissance du fait français, dans sa dimension catholique, francophone, et fidèle à elle-même – une épopée à nulle autre pareille dans l’histoire des colonisations - menaçait bien davantage le Canada multiculturel en revendiquant son statut de fondateur primitif qu’en se redéfinissant sur les contours de la cartographie politique du deuxième Canada, le Canada anglais.
Se soumettant au récit du vainqueur, nous voyant dans son œil, nous avons renoncé à beaucoup. C’est ce qu’avait pourtant voulu prévenir Lionel Groulx. Il voulait la modernité sans détruire le passé. Il est de ceux qui rappelaient la continentalité américaine de notre épopée sans l’opposer à tous les possibles pour le Québec. Pour la suite de notre rapetissement, la québécitude a éliminé des pages entières de notre mémoire. Avec pour résultat que nous ne savons plus nous nommer, comme les Fransaskois et le Ontarois.  

vendredi 15 janvier 2016

Marxisme culturel - Une page de Wikipédia susceptible d'être supprimée

Cette page Wikipedia, reproduite plus bas, fait l'objet de contestation et est susceptible d'être supprimée. Comme elle contient beaucoup de références et semble présenter un portrait clair du marxisme culturel. Je la mets ici dans son intégralité pour références et discussions éventuelles.

vendredi 8 janvier 2016

Et si Poutine réhabilitait Lionel Groulx pour de bon ?

Une révolution tranquille « à l'envers » 
en Russie


Une volonté marquée d'ancrer la société dans le meilleur de son passé, que j'appelle la révolution tranquille à l'envers, s'opère en Russie depuis 2010. Cette révolution du bon sens  suscite un intérêt inquiet de la part des pays occidentaux en perte de repères. Pour ces derniers, le nationalisme est mort, sinon il doit mourir. 

Joueur qu'on attendait pas dans le grand échiquier, la Russie a mis à mal l'idée d'une nation sans histoire et sans transcendance. Une nation ¨défuntisée¨ devenue la nôtre et dont la majorité des souverainistes ne cessent de se réclamer. En revanche, en Russie, une nation qui plonge ses racines dans l'histoire, qui ne tourne pas le dos à son identité, qui porte une vision qui valorise la tradition sans refuser la modernité, cette nation ne serait pas une utopie du XXè siècle. Et ce serait cette vision qui a cours en Russie. Une ¨russitude¨ qui reconnaît des nations avant de reconnaître des territoires. Mais ce n'est pas ce dont nos médias nous abreuvent. Mises à part les oppositions légitimes, sur lesquelles nos médias restent discrets, nous n'avons pour nous forger une opinion déformée que les affres des minorités «sororisées» dont nos médias font grand cas.

Le lecteur qui tire sa seule information de Radio-Canada ou d'autres médias standardisés comme Le Monde, Le Devoir, etc. est un handicapé de l'information. L'internet existe, mais il n'exploite pas ses possibilités. Il sera surpris d'avoir été tenu à l'écart de bien des développements s'il lui advient un jour de percer l'encerclement médiatique. Présumant de sa bonne foi.

Inversement, en gros, la moitié de l'humanité a déjà pris l'habitude de s'alimenter à des sources d'information diversifiées, moins uniformément orientées que celles de la grande presse des pays de l'OTAN, lire Canada. Ils seront déjà mieux outillés. Ils auront déjà une opinion formée au contact d'arguments venus de tous bords, inclusivement sur Vladimir Poutine et la Russie.

*   *   *

Selon l'ifrii, le tournant conservateur russe plairait aux pays d'Asie. Ces pays seraient pour la Fédération de Russie (FR) les partenaires de l'avenir parmi lesquels elle se sent respectée dans ses différences et surtout traitée en égal. Elle est en bonne compagnie avec ces pays qui s'efforcent de conjuguer la modernité avec leur attachement aux traditionsii

Elle-même pays d'Europe, la Russie ne délaisse pas pour autant ses partenaires européens, même quand ceux-ci boudent le dialogue avec elle pour recourir à des sanctions. Piètre diplomatie, les désaccords, aussi nombreux soient-ils, devraient être résolus par voie de négociation, je pense au contentieux ukrainien, etc. La Russie, déjà au centre de bien des enjeux mondiaux, plonge dans la défense du national avec une approche particulière qu'elle assume pleinement. Elle ne se départit jamais d'une défense bien sentie de son indépendance, ce qui fait se tourner vers elle les regards sourcilleux de ceux pour qui la disparition des nations n'est qu'une affaire de temps. Le Québec a certes intérêt à ne pas prendre pour argent comptant la campagne de dénigrement permanent dont la Russie est l'objet dans notre coin du monde, Il faut y regarder de plus près.

Cette révolution tranquille à l'envers que rien n'annonçait est d'autant plus inusitée qu'elle survient après 70 ans de socialisme «scientifique», qui s'est traduit par une dénationalisation menée de main de fer par les bolchéviques, dont la composition ethnique était plus juive que russe, selon l'oeuvre jamais démentie d'Alexandre Soljenitsyne. Une idéologie basée sur le matérialisme, la primauté de l'économie, le dirigisme culturel, le remplacement de la religion et de la tradition par l'éducation laïque et la volonté de construire un «homme nouveau» débarrassé des «préjugés». Pas étonnant qu'une source d'inspiration des révolutionnaires russes coulait de la révolution française. 

Le renforcement du national en Fédération de Russie est très intéressant à observer du fait que ce pays possède une diversité ethnique qui n'est dépassée que par celle de l'Inde. La grande diversité ethnique et linguistique de la Russie ne semble pas être un poids pour elle. À preuve, elle n'aurait pas freiné un consensus social conservateur qui ne fait que s'affirmer autour des valeurs patriotiques. Le respect des minorités nationales, une tradition russe qui remonterait à la tradition tsariste, contraste avec la tradition anglo-saxonne subie par les Canadiens-Français. Deux mondes. La popularité de Vladimir Poutine, jamais démentie, incarne le phénomène de relative unité que vit présentement la Fédération de Russie. Le conservatisme social, le conservatisme pragmatique et le pragmatisme conservateur de Poutine, trois appellations couramment utilisées, forment donc un socle politique de rassemblement. Il semble promis à durer. 

Dans sa lettre «La question russe», en janvier 2012, au cours de la campagne électorale, Poutine écrivait : 
« L'auto-identification du peuple russe, c'est une civilisation multiethnique unie par le noyau culturel russe».iii 
Une citation transmise par Léonid Poliakov, qui enchaîne avec ce commentaire à propos de Poutine :
«Au fond, il formule ainsi une ¨troisième voie¨, située entre le projet multiculturel occidental, dont Poutine estime qu'il a échoué, et le défi alternatif d'un ¨État national¨ qui serait fondé ¨exclusivement sur l'identité ethnique¨.»iv 
Pour Pliakov, Vladimir Poutine considère son conservatisme 
«comme une vision politique et morale du monde cohérente et pleine de bon sens. C'est sur cette base qu'il a fondé sa campagne électorale de 2011-2012 et sa stratégie de développement jusqu'en 2025...»
Lors des rencontres annuelles du Club Valdaï, en 2014, Poutine poursuivait de la façon suivante : 
«Pour que la société existe, il convient de soutenir des choses élémentaires que l'humanité a élaborées au cours des siècles : c'est le respect de la maternité et de l'enfance, le respect de notre histoire et de ses accomplissements, le respect de nos traditions et des religions traditionnelles»v
À la lumière de tout ceci, en viendra-t-on à considérer Lionel Groulx comme un visionnaire dont l'heure n'était pas encore venue? 

Il a certes combattu une forme de modernité aguicheuse et illusoire, une menace dont il nous entretenait notamment dans sa lettre à Jean Éthier-Blais «Sur les dangers de l'influence américaine».vi Un filet dans lequel se sont pris plusieurs intellectuels d'avant-garde, vantant comme un progrès indépassable de faire table rase, jugeant à jamais dépassé l'héritage spirituel (spirituel au sens profane comme au sens transcendant) de Lionel Groulx sur le petit peuple francophone d'Amérique.

Dans la présentation du dossier Lionel Groulx, publié par les Cahiers d'histoire du Québec au XXè sièclevii, Benoit Lacroix et Stéphane Stapinsky expliquent :
«Les citélibristes et certains nationalistes (notamment ceux d'extrême gauche) allaient prendre le relais au cours des années 1950 et 1960. Pour plusieurs souverainistes des années 1990, la figure de Groulx fait problème. Il leur semble que, en réponse aux accusations de «racisme» et de «fascisme» qu'on adresse tant de l'intérieur que de l'extérieur à la société québécoise (et en particulier au mouvement nationaliste), il leur faille prouver à tout prix à la face du monde qu'ils ne sont pas coupables, eux «modernes», de ce qui leur est reproché; pour ce faire, ils insisteront donc sur une rupture radicale entre la société d'autrefois et la nôtre et s'en prendront publiquement à ce Québec obscurantiste d'avant 1960 et au symbole du racisme et du fascisme de l'ancien régime que serait à leurs yeux Lionel Groulx. Une manifestation récente de ce nouveau rituel peut être relevée chez Gérard Bouchard.»
Plus loin, les auteurs nuancent en citant quelques noms, parmi eux, à gauche, Pierre Falardeau, Gaston Miron, Andrée Ferrettiviii, qui ont accepté 
«de nouer un dialogue avec Groulx». 
Ils finissent par demander avec raison qu'on tourne la page à cet infantilisme 
«qui fait que, pour certains, il paraît impossible de se reconnaître dans une continuité à moins d'y trouver la trace d'une pureté conforme à nos valeurs actuelles.»ix
On pourrait épiloguer longuement sur l'héritage de Lionel Groulx, mais l'affaire est entendue. On en reviendra donc à ceci. Les arguments de ses pourfendeurs, lorsqu'il s'agissait d'arguments et non de demi-vérités et de falsifications, ont été réfutés avec patience et plus d'explicitations que la plupart des objections n'en méritaientx. Depuis une trentaine d'années, grâce à des intellectuels courageuxxi, tous les arguments pour discréditer Groulx et son oeuvre ont été répudiés d'une façon ou d'une autre; si bien que le dossier Groulx est clair et net. Alors pourquoi parler de réhabilitation de Groulx par Poutine ?

La réhabilitation de Lionel Groulx par Poutine est bien sûr une figure de style. Elle met en évidence le fait que si la joute intellectuelle a été remportée par les nôtres, ils n'ont pas prévalu. La société civile ne l'a pas répercutée par des changements fondamentaux comme en Russie. Le discours politique et le projet d'indépendance, qui restent défensifs, ont continué à freiner des quatre fers pour que survive la mauvaise conscience de notre passé. On refuse de faire à Lionel Groulx une place au panthéon de notre histoire parce que notre élite nationale dite «moderne» a rejeté tout ce qu'il représentait. Il était prêtre catholique et défenseur de la tradition. Et, cocasserie de l'histoire, c'est encore le prêtre catholique qui, depuis la grande noirceur de 1943, leur fera la leçon  : 
«D'où nous vient, qui nous a donné ce goût morbide de nous accuser de tous les péchés, et plus particulièrement de ceux que nous n'avons pas commis.(sic)» xii
Après 60 ans de lutte souverainiste-indépendantiste infructueuse, ne sommes-nous pas rendu au bout du rouleau? Peut-on sérieusement avoir racorni la «civilisation française en Amérique» au point où l'argumentaire des figures montantes ne semble plus considérer que l'enrichissement personnel comme motif central de la cause? Ceci après avoir épuré au fil des ans toute référence à ce que nous sommes et d'où nous venons. Le phénomène de retour aux sources, qui a amené les Russes au succès après 70 ans de dénationalisation violente (clin d'oeil à la dénationalisation tranquille), surtout avant Staline, à recouvrer leur patriotisme, prouve qu'il est possible pour une nation, singulièrement une nation  fondatrice, de recouvrer ses droits fondés sur la continuité historique. 
_______________________
i www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/ifri_rnv_90_fr_poliakov_protege.pdf  Le « conservatisme » en Russie : instrument politique
ou choix historique ? , déc. 2015
ii  Japon, Corée du Sud, Taïwan, Singapour, selon ifri
iii  Que penserait-on d'une nation multiethnique unie par le noyau culturel néo-français, canadien français et Québécois?
iv Ifri, p.18
vi  Les Cahiers d'histoire du Québec au XXè siècle, No 8, automne 1997. Sur les dangers de l'influence américaine, 7 décembre 1964, p.175
viii Il faudrait rajouter Michel Chartrand et Simone Monet-Chartrand dont le mariage dut béni par Lionel Groulx
ix Cahiers p.10 ou lien ici
x Pensons ici à la réfutation détaillée par notre sociologue québécois anglo-protestant Garry Caldwell, de la thèse de doctorat d'Esther Delisle http://agora.qc.ca/Documents/Antisemitisme--Le_discours_sur_lantisemitisme_au_Quebec_par_Gary_Caldwell Thèse effectivement couronnée d'un doctorat, à la courte honte de l'Université Laval.
xi Stéphane Stapinsky, Garry Caldwell, Fernand Dumont, Serge Cantin, Nicole Gagnon et bien d'autres
xii «Notre force...» Groulx, Lionel, 1943; cité dans la présentation des Cahiers... No 8    

mardi 29 décembre 2015

Reprise du 22 décembre 2013 - Célébrons Noël, ne soyons pas insensibles

Source : http://service.vigile.quebec/Pour-un-autre-message-de-Noel-de

La laïcité doit-elle conduire les représentants de l’État à se retenir de toute référence envers le culte historique national ? Au Québec, pour des raisons historiques qui ont puissamment contribuées à sa survie d’abord, et à le façonner tel qu’il est ensuite, l’attachement culturel à notre héritage catholique a sa place dans un patriotisme pleinement déployé. La laïcité étant elle-même une idéologie relativement nouvelle, elle n’est pas imperméable aux effets de mode. L’État, qui lui est antérieur et supérieur, s’il en adopte les contours, ne doit pas s’y soumettre entièrement. D’abord parce que l’État laïc ne peut et ne doit pas trop s’éloigner du terreau qui lui a donné naissance et il doit continuer d’agir avec prudence. Ce qui suppose de se méfier des chantres de la « modernité » de la table rase.
État laïc ne veut donc pas dire un État désincarné, strictement bureaucratique, qui n’entrerait en rapport avec les membres de la nation qui le porte que dans un cadre purement juridique. Un État laïc, pour tenir la route de l’histoire, doit être en même temps un État de la continuité, donc un État nécessairement connoté. Cet État « organique », appelons-le ainsi, offre l’avantage indéniable de constituer un facteur de cohésion interne, d’une part, et de résister aux défis et aux menaces de l’extérieur, d’autre part.
Noël, fête de partage est toujours célébrée chez-nous, notre chef d’État ne devrait pas hésiter de souhaiter fièrement un Joyeux Noël à tous les Québécois. Et comme Noël est un enjeu de la laïcité connotée d’un État organique, Pauline Marois pourrait livrer un message qui incarne cette réalité.
Aujourd’hui encore, 22 décembre, on rapporte que 12 personnes auraient été tuées à Deraa en Syrie lorsqu’une attaque des djihadistes a frappé une église.
D’autres violences plus tôt ce mois-ci ont été rapportées à Malaloua lorsque des terroristes djihadistes ont pu prendre pied dans la ville. Les chrétiens comptent pour 10 % de la population de Syrie, 450 000 d’entre eux ont dû se déplacer en raison du conflit.
Si la montée en puissance du fondamentalisme islamique est retracée par plusieurs observateurs dans la géo politique américaine et israélienne, il est clair que, même si l’énoncé précédent peut être nuancé, les populations et les institutions des pays qu’il frappe sont celles qui écopent le plus du radicalisme qui a gagné l’islam sunnite. Il est de notoriété que la vaste majorité des coups d’Al Qaida et du terrorisme djihadiste frappent d’abord et massivement les populations innocentes du Proche et Moyen-Orient. Il ne faut pas l’oublier. Pas étonnant que 80 % des musulmans rejettent Al Qaida et toute forme de radicalisme, comme le soutient Kevin Barrett dans la vidéo en lien plus haut.
Dans ce contexte de violence et d’accroissement du chaos, les chrétiens dont, l’enracinement précède la naissance de l’islam de quelques siècles, sont devenus la dénomination religieuse la plus persécutée dans le monde, tenant compte des persécutions en Afrique et en Asie également.
Alors que le gouvernement de Stephen Harper multiplie gestes et paroles en appui inconditionnel à Israel, qu’il rappelle avec franchise son caractère confessionnel, « la patrie juive », je ne me souviens pas l’avoir entendu s’émouvoir de la persécution réelle et bien d’actualité qui affecte aujourd’hui les chrétiens.
La Russie de Vladimir Poutine, qui a prouvé en 2013 la pertinence de sa politique pragmatique en évitant de justesse l’escalade du conflit syrien, a affirmé également le caractère conséquent de sa lutte contre le fondamentalisme musulman qu’elle ne dénonce pas d’un coté de la bouche pour le soutenir de l’autre. Dans la foulée, faut-il s’en surprendre ? c’est à Vladimir Poutine qu’il faut reconnaître le mérite d’en faire le plus contre la persécution des chrétiens, dans un contexte de laïcité occidentale qui semble mal à l’aise avec son culte patrimonial, serait-ce jusqu’au point de lui refuser chichement toute compassion dans l’épreuve ?
Le Québec s’exprime et s’affirme de plus en plus selon son point de vue, différent de celui du Canada. Ce Noël, Pauline Marois pourrait facilement s’affranchir des positions favorites de Stephen Harper, tout en se gardant de toute polémique. Je suis persuadé que les Québécois apprécieraient que Pauline Marois touche un mot de la persécution des chrétiens dans son message de Noël, indiquant par là que les Québécois n’y sont pas insensibles.

lundi 28 décembre 2015

L'analyse politiquement incorrecte du féminisme par la sociologue Nicole Gagnon

La sociologue Nicole Gagnon, professeur retraitée (1999) de l'université Laval, donne une entrevue l'année de sa retraite dans laquelle elle exprime des vérités politiquement incorrectes. Continuatrice discrète du renommé Fernand Dumont, elle s'exprime sur la société québécoise, l'éducation et le féminisme.
Sur le féminisme, elle fait, par l'importance qu'elle accorde à la différence entre les femmes bourgeoises et les femmes de la classe ouvrière, une analyse qui n'est pas très différente de celle que fait Alain Soral sur la même question, à la différence que Nicole Gagnon colle son argument sur la réalité québécoise et ne réfère pas explicitement à la lutte des classes. Comme cette entrevue date de plus de 16 ans, cela en rehausse à mon sens l'intérêt car toujours pertinente.

Source : http://www.fss.ulaval.ca/cms_recherche/upload/aspectssociologiques/fichiers/ito2002.pdf

Quelques extraits de l'entrevue sur le féminisme :

A.S. Comment pensez-vous l’histoire du changement des droits des femmes au Québec?
N.G. Je pense que les mouvements sociaux se donnent beaucoup plus d’importance qu’ils en ont. Les choses changent, les mouvements sociaux ne font qu’exprimer des changements qui existent sans eux. Par exemple, quand on dit que le féminisme a gagné le droit de vote des femmes, c’est passablement faux. Pendant des années, les féministes réclamaient le droit de vote et les messieurs leur répondaient « merci mesdames » et s’en moquaient. Les femmes ont eu le droit de vote quand est arrivé un premier ministre libéral. Ce n’était pas à cause de pressions, il trouvait ça normal, c’est tout. Actuellement, il me semble que les femmes n’ont absolument rien à revendiquer. La société québécoise a toujours été à forte dominance féminine et, actuellement, c’est très clair que ce sont les femmes qui ont le bon bout du bâton. Elles n’ont rien à réclamer et inventent je ne sais trop quoi pour se justifier. J’ai une très mauvaise idée sur le féminisme. Je n’ai jamais été féministe, je me suis découverte antiféministe très jeune. Je le raconte dans mon petit livre. Quand j’étais dans l’assemblée des étudiantes, ils voulaient mettre un comité des activités féminines. Il n’y pas de raison d’avoir un comité, un ghetto pour les femmes. Les femmes sont comme tout le monde. Dès ce moment-là, j’ai été assez allergique à l’idée d’institutionnaliser un particularisme féminin.

A.S. Dans votre livre L’antiféministe, vous critiquez la féminisation de la langue française, par exemple.
N.G. C’est incroyable. Ils sabotent la langue. Ça n’a aucune utilité. Il faut qu’ils se donnent des missions parce qu’en réalité, l’égalité des femmes, ça fait longtemps qu’elle existe. Il y a la pauvreté des femmes, mais il n’y a pas seulement les femmes qui sont pauvres. Il y a des pauvres et ils ne sont pas plus femmes que mâles. C’est une calamité publique!

A.S. Vous critiquez également la politique de discrimination positive envers les femmes.
N.G. C’est épouvantable. On veut faire la même chose avec les « ethniques ». Ça, c’est une chose terrible. Par exemple, si on met une espèce de quota pour engager des « ethniques » dans la fonction publique, quand tu arrives avec ton quota, tu n’as pas besoin d’être bon, hein ? C’est de la perversion complète. D’ailleurs, à l’Université, il n’y a jamais eu le moindre préjugé contre les femmes. Au contraire, il y a eu préjugé favorable. Mes collègues veulent avoir des femmes. Ils sont moins exigeants pour un candidat femme que pour un candidat homme. Parce qu’ils veulent en avoir. C’est insultant pour la personne.

A.S. Le Québec n’a-t-il pas besoin du féminisme?
N.G. Ce n'est pas le féminisme qui a gagné des droits aux femmes, c’est un mouvement de société. C’est un mouvement très naturel pour une société moderne qui a une longue tradition de dominance féminine. Ça remonte à la Nouvelle-France. À l’époque, dans la société française, le système était peut-être patriarcal, mais transplante un jeune couple, mets- le dans le fond d’un champ : il y a une situation qui oblige à l’égalité. L’homme a besoin de la femme, la femme a besoin de l’homme. L’égalité s’est instaurée dans les familles paysannes à cause des conditions de vie. La famille ouvrière est devenue matriarcale, parce que chacun avait le pouvoir de ses fonctions. L’homme fait telle chose et la femme fait telle chose. Dans les grandes villes, le père perd toute fonction dans la famille. Sa seule fonction, c’est d’apporter le salaire. Alors c’est la femme qui prend le dessus. La famille ouvrière est devenue très matriarcale, la famille bourgeoise, non. Dans la famille bourgeoise, c’est le mari qui a gagné, alors ce sont les bourgeoises qui ont protesté. La famille bourgeoise était un petit peu à dominance mâle.
Le mouvement féministe est né chez les bourgeoises qui se sentaient un peu dévalorisées. Il y avait une loi très archaïque sur le mariage : la femme n’avait pas le droit de posséder des biens, mais dans les familles pauvres ça n’avait pas tant d'importance, vu qu'il n'y en avait pas de biens. La femme ne s’en rendait pas compte. La bourgeoise s’en apercevait. La loi a été changée. Il n’y a pas eu de débat. Il y avait une loi rétrograde, il fallait la changer, et elle s’est changée très facilement. Avant, la femme mariée était comme empêchée d’avoir des biens. Elle avait besoin de la permission de son mari pour faire toutes sortes d’affaires. Les femmes célibataires, non. C’était l'idée que la famille était la cellule de base. 

samedi 26 décembre 2015

Les possibles et les limites de l'indépendance dans un monde unipolaire

(version définitive du 28 décembre 2015)

Gilles VERRIER



Tenir un référendum «le plus tôt possible après la prise du pouvoir» (http://vigile.net/Independance-s-unir-et-agir) continue de susciter bien des émois chez les indépendantistes. Pour PKP, marchant dans les pas de Jacques Parizeau, le référendum serait la seule voie de la légitimité. Une orthodoxie que rejette parmi d'autres Claude Bariteau qui, en regard de la loi sur la Clarté, soutient que l'absence d'un accord avec le Canada sur l'environnement référendaire ferait de l'élection le seul choix possible du Québec pour décider de son destin, citant en appui les cas de la Namibie et des pays baltes. (http://vigile.net/Nouvel-article-No-65897).

Pas en reste, Alain Raby ( http://vigile.net/Le-mouvement-declarationniste défendait récemment le recours à la Déclaration unilatérale d'indépendance (DUI), arguant qu'une quinzaine de pays membres des Nations-Unies ont accédé à leur indépendance de cette façon depuis 1991. Il fournit en complément une liste (partielle) de pays devenus indépendants sans référendum préalable, nuançant que cela n'exclue pas un référendum de ratification après. La DUI a déjà fait l'objet d'éloquentes prises de position (http://vigile.net/Declaration-unilaterale-d-42268?t=22 ) et constituait d'ailleurs la voie que retenait Option nationale, jusqu'à ce que l'on revienne à une position plus orthodoxe. Campé dans sa priorité sociale, Québec solidaire préconise la convocation d'une assemblée constituante populaire pour jeter les bases d'une constitution souveraine, une position reçue avec scepticisme dans les rangs péquistes mais qui se défend face à la fragilité de l'argumentaire référendaire.

L'indépendance dans le monde, une diversité d'approche

La diversité des approches indépendantistes en vogue dans le Québec d'aujourd'hui se situe dans la diversité plus large des approches qui ont réussi à travers le monde, et l'on se prend à se demander pourquoi les indépendances ne font pas l'objet de plus d'études, dont une classification de leurs processus et de leurs fondements. À ma connaissance, l'inventaire des processus employés dans l'histoire moderne pour accéder à l'indépendance ne se trouve nulle part. Certes, dresser la typologie des indépendances pose plusieurs difficultés dû au fait que chaque passage à l'indépendance (plusieurs centaines de nouveaux pays depuis 200 ans) se présente rarement comme appartenant à un seul type. Par conséquent, tenter de construire une typologie serait forcément un projet perfectible mais déjà utile si le résultat permet d'introduire certaines distinctions dans un classement susceptible de regrouper tous les événements d'indépendance. En ce sens, une meilleure connaissance du phénomène peut servir d'outil de réflexion et de mise en perspective, aider à situer plus correctement le cas du Québec dans l'ensemble mondial.

Dans la foulée, il ne fait pas de doute que les militants et les cadres indépendantistes devraient acquérir une expertise mondiale sur toutes les dimensions de l'indépendantisme. Il faudrait favoriser l'émergence d'une ample culture en rapport avec l'indépendance légitime, de son maintien et de sa défense en présence d'un mondialisme idéologique au tropisme prédateur de nations. Il est vrai que pour y arriver, compter sur nos propres forces est un choix qui s'impose naturellement puisqu'il est pratiquement exclu que les universités, devenues les obligées des chaires de recherche du Canada, s'engagent sérieusement dans ce créneau comme elles le feraient si elles étaient libres de travailler pour le Québec. En contre partie, un futur institut de recherche sur l'indépendance, promis par PKP, pourrait s'y intéresser sans restriction, même si rien ne semble acquis à cet égard. En attendant je vous livre ma modeste contribution.

Classification des indépendances

Je tenterai de dresser une classification des indépendances en tâchant de montrer les modes par lesquelles elles sont advenues et je donnerai des exemples parfois commentés. Dans un deuxième temps, j'aborderai la question des événements déclencheurs d'indépendance pour finir avec des remarques en ce qui concerne les référendums et la fixation particulière du mouvement indépendantiste québécois, surtout péquiste, sur cette question.

Types d'indépendance
1- Accord de gré à gré ou accord négocié en présence d'un rapport de force établi et de deux États concurrents

Cas de l'indépendance octroyée par la Grande-Bretagne à l'Égypte en 1922
Cas de la Norvège, indépendance obtenue de la Suède

2- Déclaration unilatérale d'indépendance (DUI) avec derrière, pour les cas les plus réussis, une forte volonté populaire, parfois organisée, pour que cède l'État colonial;

Cas des États-Unis d'Amérique – déclarée en 1776, État de facto qui obtint sa reconnaissance internationale (de jure) sept ans plus tard, de manière essentielle de la Grande-Bretagne, en 1783
Cas de la Déclaration d'indépendance du Bas-Canada en 1838 par Robert Nelson à Noyan, accompagné de 300 Canadiens en armes (http://www.1837.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=document62)
Cas (autres) : Philippines (Espagne 1898); Bangladesh (Pakistan 1971); Slovénie et Croatie (Yougoslavie 1991);
Cas d'échecs : Biafra, sécession ratée du Nigeria (1967); Rhodésie (1965) scession de la Grande-Bretagne pour instituer un État officiellement ségrégationniste devenu depuis le Zimbabwé.

3- Délestage colonial La volonté de l'État colonial de se départir d'une colonie devenue une charge tout en cherchant à préserver ses intérêts, en présence de pressions populaires inscrites dans le cadre général du recul colonial européen de première génération.

Cas des colonies britanniques dont les rapports avec la métropole seront restructurés au sein du Commonwealth et par le biais de relations bilatérales privilégiées. Concerne le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ainsi que les colonies africaines et asiatiques du domaine colonial britannique.
Cas de la France en Afrique avec le franc CFA, etc.
Cas général du domaine colonial espagnol

4- Démembrement extérieur Il s'agit d'accessions à l'indépendance qui ne se produiraient pas sans la volonté de démembrement de pays existants par des puissances étrangères pour servir des intérêts géo-politiques globaux (cas des États-Unis avec ou sans l'OTAN). Ce redécoupage des cartes peut prendre des accents néo-coloniaux. C'est un processus moderne qui fait largement appel à «l'idéologie de l'humanitaire» ou «sécuritaire», c'est selon et s'accompagne souvent de l'exacerbation délibérée des tensions ethniques, religieuses ou territoriales.

Cas d'Israel, cas tardif d'une implantation coloniale de peuplement sur le territoire d'une population déplacée ou superposée sur elle, opération parrainé par la Grande-Bretagne.
Cas du Kosovo dans le cadre du démembrement de la Serbie par l'OTAN,
Cas du Soudan / Soudan du Sud ?
Cas des républiques auto proclamées (voir DUI précédée d'un référendum) de facto (voir plus bas) des républiques de Donetsk et de Lugansk, poussées hors de l'Ukraine par l'expansionnisme de l'OTAN (coup d'État, encouragement de la russophobie et de l'ukro-nazisme).
Cas de la France de de Gaulle, celle du «Vive le Québec libre», qui sans pouvoir prétendre au démembrement du Canada de l'extérieur, intervint comme l'expression d'une volonté (restée sans suite) de contenir l'essor de la projection de puissance anglo-saxonne dans le monde.
Cas anticipés aujourd'hui de menaces sur l'intégrité territoriale de l'Irak, de la Libye et de la Syrie.

NOTE IMPORTANTE  : À l'instar de l'Écosse et de la Catalogne, respectivement intégrés dans l'OTAN par la Grande-Bretagne et l'Espagne, il faut considérer le Québec comme un cas pour lequel ne joue en sa faveur aucune force extérieure intéressée par le démembrement du Canada. Malgré le commerce important du Canada avec la Chine, celle-ci n'a aucune influence sur le Canada. La Russie est totalement discréditée dans l'opinion publique par une médiacratie aux ordres et n'a pas davantage d'influence, admettant qu'elle soit intéressée. La France est entièrement sous domination de l'OTAN (via l'Union Européenne) et ne pourrait retrouver certaines sympathies en faveur de l'indépendance du Québec que dans le cas de l'élection d'un gouvernement du Front national. Ce que voit d'un mauvais œil Sol Zanetti (Option nationale), adoptant ainsi une position «trotskyste» qui donne la préséance à la politique du «bien dans le monde» plutôt qu'aux intérêts bien compris du Québec. Peu lui chaut que la seule présidentiable (Marine Le Pen) qui défend un tant soit peu l'indépendance de la France soit la seule à pouvoir éventuellement sympathiser avec notre cause.
Par conséquent, le Québec est seul comme une barque en mer et ne peut se laisser séduire par le nombre de pays qui accèdent à leur indépendance car, comme on le voit, au nombre des indépendances récentes, il s'en trouve de nombreuses qui sont des indépendances fabriquées en tout ou en partie de l'étranger.
Quel chance reste-t-il aux nations subordonnées comme le Québec, ces cas ou aucune puissance étrangère ne veut briser le Canada? Le Canada étant déjà membre de l'OTAN et soumis à son leader étatsunien, «la puissance indispensable» ? Il faudra y réfléchir! Entre temps, la tentation est grande de penser qu'une éventuelle indépendance serait une souveraineté limitée (culturelle, représentation internationale, etc.), réalisable uniquement après avoir donné des gages à l'OTAN.
5- Indépendance de facto Ces territoires dont le statut définitif n'est pas encore fixé. Généralement absents de l'ONU, reconnus par quelques pays, parfois plusieurs, mais pas universellement reconnus. Ils disposent du rapport de force nécessaire pour jouir d'une certaine indépendance pratique mais n'ont pas la capacité de déclarer leur indépendance légale, de jure, sans risquer que leur existence soit menacée ou provoquer le déclenchement d'hostilités. Se compare avec 240 ans d'écart à la situation des États-Unies entre 1776 et 1783!

Cas du Kosovo, reconnu par plus de 100 pays
Cas de la Transnistrie, du Somaliland, du Haut-Karabagh, de l'Abkazie et de l'Ossétie du Sud
Cas de la Palestine


6- Guerre de libération L'indépendance accordée par l'État colonial à l'issue d'une guerre de libération nationale. Se résout rarement (jamais?) par un référendum mais par la négociation qui conduit à la reconnaissance de la souveraineté, qu'il devient superflu de ratifier par référendum.

Cas de l'Algérie, cas des colonies portugaises d'Afrique (Mozambique, Angola, Guinée Bisau) du Vietnam, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe (Rhodésie), notamment. Dans la plupart des cas, il y absence de structure étatique et institutionnelle permettant de faire avancer les intérêts nationaux. Une situation qu'il importe de distinguer ici de celle du Québec.

7- Lutte de libération pacifique ou principalement pacifique.

Cas du Raj de l'Inde (Grande-Bretagne) qui conduisit aux indépendances de l'Inde et du Pakistan. Comme dans le cas de la guerre de libération, l'absence d'une structure étatique est remplacée par la vigueur de la résistance populaire.

Les déclencheurs /accélérateurs de l'indépendance

L'indépendance, le passage du pouvoir d'un État à un autre, peut se faire de gré à gré mais il est rare qu'il se fasse sans une montée des tensions. Dans la période qui précède le dénouement politique de la question nationale, le rapport de force entre les parties s'exacerbe et prend la forme d'une crise suscitée et nourrie par deux types de déclencheurs /accélérateurs que j'ai pu distinguer et que j'illustre par des exemples du Canada-Québec.

1- Une affaire litigieuse devant le parlement qui, si l'affaire est menée sans flancher, peut évoluer pour atteindre le point de rupture.

a) Ce qui fut le cas en 1834-1837-38 – si on admet que la rébellion a été provoquée pour être écrasée dans l'oeuf – on peut poser raisonnablement l'hypothèse que sans la répression qui a suivie la lutte parlementaire entamée en 1834 aurait fini par aboutir
b) Plus récemment le cas de l'échec de l'accord du lac Meech qui a fourni la meilleure occasion au Québec de déclarer unilatéralement son indépendance (par Bourassa, en 1990, qui l'a presque fait d'ailleurs...) et de tenir immédiatement après un référendum de ratification que tous les sondages donnaient gagnant.

2- Des événements extérieurs qui ont un effet catalytique sur les conditions internes : guerre, crise...

a) Cas de la pendaison de Louis Riel en 1885 à Régina, qui fut l'occasion de soulèvements importants au Québec pendant une semaine avec en pointe 50 000 montréalais dans la rue.
b) Cas la crise de la conscription de 1918 ponctuée de troubles dans la ville de Québec avec présence des forces armées. Une partie de l'élite canadienne-française derrière la cause, Henri Bourassa et une partie du clergé.
c) Faut-il anticiper l'effondrement économique du Canada ou des États-Unis ?


Référendum – sa pertinence (rarement) et ses mirages (souvent)

Les deux référendums tenus au Québec le furent pour signifier au fédéral la volonté du Québec de s'asseoir à la table de négociation. L'histoire des indépendances tend à montrer que lorsqu'un État offre la possibilité d'un gouvernement fort, comme le Québec, il ne devrait pas y avoir de référendum sur un tel enjeu. L'obligation de négocier tient davantage de facteurs comme la légitimité, la pugnacité du gouvernement provincial, l'habileté politique, l'avancement de certains dossiers ainsi que de l'expression de la volonté populaire. En d'autres termes, elle tient du rapport de force qui évolue entre deux entités séparées par un litige, la partie demanderesse s'efforçant d'amener l'autre à négocier. Ce qui nous amène à pousser les distinctions sur la question référendaire.

Référendum de ratification de l'indépendance
Si un référendum peut constituer en temps opportun un instrument souhaitable, il n'apparaît pas comme un passage obligatoire dans le processus d'accession à l'indépendance de la majorité des pays. Pour le cas particulier du Québec, des attentes référendaires fortes ont été créées dans l'histoire récente sous l'influence de Claude Morin. Il aura fait du référendum un point de doctrine alors que celui-ci aurait dû demeurer un moyen d'action politique asservi à la stratégie et à la tactique. Or, il appert que la doctrine référendaire de Claude Morin a été vite avalisée par la direction du PQ qui ne disposait pas d'une volonté claire d'opérer un changement de statut pour le Québec. Le résultat est que cette confusion des genres n'a jamais été combattue adéquatement par le caucus et les intellectuels de la mouvance péquiste. Ces années Morin ont eu pour effet de ramener le large boulevard de l'accession à l'indépendance à un étroit sentier. Encore aujourd'hui, le Québec reste largement captif de ce que j'appelle la «fixette» référendaire, laquelle ne pourra être neutralisée que par une meilleure éducation politique. Entre temps, le «référendisme» en 2015 constitue toujours la doctrine officielle du Parti Québécois.

Un institut pour mettre le référendum à sa place (entre autres)
Il nous faut anticiper sur l'Institut de recherche scientifique sur l'indépendance. Comme plusieurs, j'aurais souhaité que l'Institut surgisse rapidement, rappelant la vigueur d'un poing fermé au bout d'un bras levé. Force est de constater qu'il y a ici une lenteur que l'on peut redouter comme annonciatrice de lourdeur... L'avenir le dira.

Chose certaine, la nécessité d'aérer la question référendaire est claire. Il faut replacer les référendums dans un contexte élargi, en relativiser l'importance en se rappelant la diversité des expériences nationales à travers le monde. L'utilisation du référendum ne se situe pas tant dans le cadre d'une problématique du pour et du contre. Cet outil s'inscrit plutôt dans le cadre d'une lutte où tous les moyens sont possibles et aucun n'est exclu. Il suffit de redonner à l'esprit la souplesse stratégique qui permet de choisir et de doser les éléments de la lutte politique intégrale, sans a-priori.

Un référendum gagné par la peau des dents en 1995 aurait été difficilement gérable. Un référendum gagné de peu dans quelques années (supposant que cela soit possible) le sera encore moins. Toute la haute fonction publique est occupée par des libéraux. Il en va de même de l'appareil judiciaire et des sociétés d'État, comme la Caisse de dépôt et de placement, les missions étrangères, et autres dépendances de l'État. Tout cet État profond, mis en place de longue date par les libéraux, allant des notables jusqu'aux malfrats, se fera fort de se constituer en pouvoir parallèle pour résister sourdement aux changements, voir saboter toutes les initiatives gouvernementales post-référendaires. Quant au PQ ? Il est toujours composé de militants et de dirigeants d'une persistante candeur politique qui n'ont pas voulu prévoir de plan B en cas de courte défaite en 1995, misant tout sur l'absolutisme référendaire, et de ces politiciens «apatrides» qui ont rejeté de leur propre corps un patriote et membre émérite de leur parti, Yves Michaud, dans la plus grande confusion politique, pour attendre ensuite quatre longues années avant de commencer à exprimer de molles excuses. Une situation emblématique des divisions au sein du PQ. Voudriez-vous aller au front, jouer la nation sur un autre va tout référendaire, avec de telles troupes pour affronter un redoutable adversaire planqué dans tout l'appareil d'État?
Si vous répondez oui, je ne donnerais pas cher de votre peau.